Le blog de sensei-atlantique.over-blog.com

La météo ne permet pas de partir vers Madère, les informations recueillies prévoient des vents inférieurs à 5nd sur la moitié du trajet ce qui veut dire 2 jours au moteur.

Aujourd'hui je croise Jad sur la plage de Cascais. Nous nous sommes déjà rencontrés dans des ports précédents. Lui aussi navigue seul sur un petit bateau. Il est jeune, 33 ans, contrairement aux autres navigateurs rencontrés. Son port d'attache est Bordeaux, sa prochaine destination Porto Santo et après il ne sait pas.

Il avait sa «petite entreprise» de communication sur le Web qui marchait bien et l'occupait à 200%. Le trop de boulot et des événements personnels l'ont poussé à faire une pause pour revoir le sens qu'il voulait donner à sa vie. L'entreprise revendue, la coque du bateau relookée style poisson de toutes les mers, et le voilà parti. En ce moment, il bricole, ajout d’une VHF avec AIS, ajout d’un panneau solaire.

Dimanche après midi je prends un train, direction Lisbonne destination Belém à quelques stations avant  Lisbonne. Mais erreur, je suis monté dans un train qui ne s’arrête pas à toutes les stations. Je descends dès que je peux et repars à pied dans l’autre sens, la ballade est agréable le long du Tage. J’arrive dans le quartier d’Ajuda et visite le Musée national de l’Art Ancien où sont exposées des collections de peinture, sculpture, tapisserie, céramique.

En continuant vers l’ouest on passe sous le « pont 25 avril » de l’autre côté du Tage on aperçoit le « Monument au Christ-Roi » qui fût construit suite à une promesse de l’Eglise : que les Portugais ne s’investissent pas dans la Deuxième Guerre  Mondiale.

Plus loin, le Monument aux Découvertes, c’est l’hommage de Lisbonne à tous les Portugais ayant pris part  aux nombreuses expéditions maritimes.

Vue du haut du Monument aux Découvertes

L’étape suivante devrait être le port de Peniche mais son accès est interdit et ceux qui ont tenté de s’y aventurer se sont fait éjecter par la police maritime. A vrai dire personne ne comprend les raisons. Alors, direction les petites îles qui sont juste en face de Peniche autour desquelles il est possible de mouiller suivant les recommandations de l’office harbour.

Pas de vent, navigation au moteur, pêche de maquereaux pour le diner. J’approche de l’île principale vers les 20h à la recherche de l’endroit le plus sécurisé pour déposer l’ancre. Il y a deux zones conseillées sur les cartes : une au sud ouest mais l’endroit est bien trop exigu, à peine 100m de large, pour rester la nuit, l’autre à l’est est plus grande mais pour atteindre des fonds entre 5 et 10m, il faut se rapprocher dangereusement des cailloux. Je décide de mouiller dans 15m d’eau en mettant toute la ligne au 39°24’68N; 09°30’53W. Sur ce côté de l’île, la mer a creusé plusieurs grottes dans la roche basaltique et les minuscules plages de sables sont roses. On aperçoit quelques habitations éclairées ainsi que l’intérieur du fort.

Le mouillage est critique, je vais devoir surveiller ma position toutes les deux heures. Au matin, le ciel est couvert, il pleut, je n’ose pas m’aventurer sur l’île et repars rapidement vers Cascais sous spi en profitant du vent.

Arrivée à Cascais, non pas la marina, c’est la plus chère de toute la côte, 28€ la nuit mais au mouillage 38°41’89N; 09°24’82W juste à côté et j’aperçois plusieurs bateaux qui me sont familiers.

Cascais n’est qu’à une trentaine de kilomètres de Lisbonne. La baie de Cascais est une station touristique haut de gamme avec ses grands hôtels et commerces de luxe. Rien à voir avec les petits ports rencontrés plus haut. Ici, c’est business avec des touristes en majorité anglais, allemands, hollandais, on voit de gros bides à l’air à la terrasse des bars, des peaux laiteuses couvertes de crème sur les plages et des €uros qui sortent des poches.

Il faut reconnaître que tout est bien fait: en sortant de l’hôtel pas besoin de traverser la route pour se rendre à la plage , un souterrain façon couloir de métro vous y emmène.

Attention pour rentrer à Aveiro, le courant de 5 – 6 nœuds de jusant de la ria, associé à la houle de NO provoque de grosses vagues devant la passe. C’est un peu la barre d’Etel du Portugal.

Je me suis documenté et j’ai appris qu’en 1575, une tempête avait réussi à fermer cette ria et que le port s’était envasé ; ralentissant toute l’activité de la pêche. C’est seulement en 1808, après la construction de digues que la ria s’est rouverte.

J’avais estimé l’heure de basse mer à 22h mais j’ai dû attendre encore une heure que le courant soit inférieur à 2 nœuds pour  m’engager.

Je suis arrivé au mouillage  40°39’57N ; 8°43’82 à minuit situé tout près d’un petit village, S. Jacinto sur la rive nord de la ria. L’endroit est bien abrité et bien trop haut dans la ria pour recevoir la houle. Encore mieux que dans une marina.

Au lever, le ciel est bleu, l’air à 22°. Je gonfle l’annexe pour rejoindre les quelques pontons où sont amarrés les barques de pêche.

Le coin est magnifique avec ses maisons de plein pied couvertes de tuiles orange et ses petites barques de pêcheur colorées. Ici, tout le monde pêche, du plus vieux au plus jeune. L’ambiance est  reposante, le rythme est lent, de temps en temps un bac amène quelques personnes venues de l’autre rive où se trouve toute l’activité d’Aveiro.

En se dirigeant vers l’ouest on rejoint de grandes plages de sable où si vous voulez vous baigner, vous devrez d’abord enfiler une combinaison et attendre que l’océan se calme.

Et si vous voulez manger le meilleur Bacalhau (morue grillée, oignons crus, pomme de terre le tout dans de l’huile d’olive), il faut aller chez « A PEIXARIA ». Et s’il n’y a plus de place en terrasse, ce qui m’est arrivé, acceptez de vous installer  au bar, les places sont moins confortables certes, mais vous verrez défiler toutes sortes de plats et le plus important, vous aurez toutes les odeurs et les fumées de friture de grillade des cuisines qui vous accompagneront. Je vous assure, c’est grandiose et à petit prix. J’ai fini la journée au coca eau coca eau.

Direction le Portugal. Le ciel est couvert mais il fait chaud. Un vent à 10nd me pousse doucement. Je profite de la faible houle pour sortir le spi, le vent monte et me voila entre 6-7 nœuds.  A 17h je hisse le pavillon portugais sous le plein soleil. Deux heures plus tard, j’arrive devant la digue qui protège le port avec un vent à plus de 20 nœuds. Attention à la rentrée du spi. Je remonte le chenal, planches à voile et kits surf se tirent la bourre devant moi. J’arrive devant l’entrée de la marina, tient donc, l’entrée est barrée par un pont, c’était pas prévu comme ça dans les instructions nautiques! Je fais des ronds devant l’entrée, appelle à la VHF, le chef du port me répond qu’il va ouvrir le pont. Ah bon, seulement pour moi, que  d’honneur !

La ville est agréable, il ya de vieilles rues très typiques avec les façades des maisons couvertes de faïence. Les commerçants aiment à parler français.  

La marina est construite juste à côté d’un autre pont à 2 niveaux construit par Eiffel.